

Du 16 au 29 avril 2025
LA MER AU LOIN
SAÏD HAMICH
France-Belgique -Maroc, sortie le 05/02/2025 - 1h57 - VOST
1 Nomination «Séances Spéciales» à la Semaine Internationale de la Critique 2024
Nour, 27 ans, a émigré clandestinement à Marseille. Avec ses amis, il vit de petits trafics et mène une vie marginale et festive... Mais sa rencontre avec Serge, un flic charismatique et imprévisible, et sa femme Noémie, va bouleverser son existence. De 1990 à 2000, Nour aime, vieillit et se raccroche à ses rêves.
Les années 1990, dans un coin perdu de Marseille. Perdu comme la bande de sans-papiers formée par Nour, Houcine ou Fadela, fraîchement débarqués de leur Algérie natale. Avec ses images hivernales, son maillage urbain indéterminé, le film de Saïd Hamich épouse avec une acuité inouïe leur regard d’exilés sur la France, territoire ici dépourvu de relief ni d’horizon, où la menace d’un départ forcé le dispute au bonheur fugace d’une combine susceptible de prolonger leur séjour.
Pour Nour (le nouveau venu Ayoub Gretaa), ce drôle de personnage immobile que le réalisateur dit avoir calqué sur Frédéric Moreau, le héros de L’Education sentimentale, la providence prend les traits d’un commissaire de police déglingué et survient au hasard d’une garde à vue.
Chasseur de clandestins le jour, Serge (formidable Grégoire Colin) noie son désespoir de flic chaque nuit dans la touffeur bienveillante d’un bistrot dansant, où l’alcool et la musique raï décongestionnent les âmes et les corps. Nour va s’éprendre de Noémie, la femme de Serge, bourgeoise émancipée qui le lui rend bien (Anna Mouglalis, plus que convaincante dans un rôle de figure tutélaire destroy et racée), et La Mer au loin se déploie à la jonction d’une myriade de destins éparpillés, dans un tango d’amours et d’âpretés, de symbioses fragiles et de dépressions sourdes.
A coups de scènes hédonistes, langoureuses où rode toutefois la mélancolie la plus mate, Saïd Hamich dessine les contours d’une utopie romantique : les déterminismes sociaux s’estompent, les vieux schémas se fissurent.
Qu’on ne se méprenne pas : on est ici très loin d’une « Leloucherie » baignée de social, mais plutôt dans le sillage d’une chronique au long cours façon Nous nous sommes tant aimés, vampée par ce faux solitaire de Nour qui, sans bouger d’un cil, voit son petit monde ballotté au gré du temps. Y compris ce qui demeure figé pour toujours, comme l’incarne avec dignité son ami Houcine, dont l’histoire bouleversante clôt magnifiquement le film.
Comment raconter à l’écran le sentiment d’exil ? Le cinéaste franco-marocain, Saïd Hamich Benlarbi y parvient au fil de cette fresque en miniature, tour à tour dansante, sensuelle et mélancolique. Une fresque intime poignante et élégante. Transfuge
Ni trop mélo, ni trop légère, cette douce approche romanesque et sentimentale d’un Marocain dans son projet d’installation en France éclaire sur les difficultés des parcours migratoires, à l’heure où les populismes en tout genre brouillent les lignes sur le sujet. A Voir-à-Lire.com
Ce deuxième long métrage fait ressentir la douleur de l’exil sur le temps long et dans toute sa complexité.
L’Humanité
"La Mer au Loin" se révèle une fresque en miniature, un grand petit film, d'une ampleur humaniste et politique qui n'a d'égale que son apparente modestie. Positif