L’ILE ROUGE
ROBIN CAMPILLO
France-Belgique-Madagascar, sortie le 31/05/2023, 1h57

Début des années 70, sur une base de l’armée française à Madagascar, les militaires et leurs familles vivent les dernières illusions du colonialisme…

Une époque s’achève : celle de l’empire colonial français à l’orée des années 1970. Dans cette base militaire à Madagascar, les familles goûtent les derniers instants d’une certaine douceur de vivre, teintée d’une inquiétude latente. Certains sont venus d’Algérie, d’autres arrivent de France, et les enfants –dont Thomas, petit garçon qui observe tout – s’amusent dans ce paradis bientôt perdu. Toute la construction sociale s’émiette, cependant : l’esprit de corps, si prisé, se dissout, le curé pratique des exorcismes, un soldat ramène une autochtone- il a «perdu la boussole» - et, peu à peu, l’évidence s’impose : adieu au royaume de l’illusion. L’amertume, côté français. La joie, côté malgache.
Robin Campillo, cinéaste des élans de liberté, s’inspire de son propre passé : ce gamin qui imagine les aventures d’une justicière masquée, Fantômette, est-ce lui ? Un peu. Nous sommes entre réalité et fiction, entre fantasme et idéal. Fils d’un sous-off de l’armée de l’air à Tananarive, Campillo capte avec saveur la texture, la couleur (rouge) de ces jours où passe un bonheur fugace. Mais deux hommes se noient en pêchant, Noël se passe sous des toiles de parachute, les couples dérivent au son des slows de fête, les enfants reçoivent des bébés crocodiles… Petits événements, cailloux blancs de la mémoire.

Dans Les Revenants 2004, son premier film, Robin Campillo imaginait le retour des morts ; dans Eastern Boys (2013), il décrivait la relation d’un quinqua avec un prostitué ukrainien ; dans 120 Battements par minute, (grand prix du jury à Cannes en 2017), il autopsiait une histoire d’amour sur fond de militantisme Act Up. A chaque fois, le même regard pour les hors-venus, les rejetés, les êtres dans la marge. Avec L’Ile rouge, le cinéaste scrute avec douceur les paysages du cœur : rencontres nocturnes dans les bambous, confidences échangées avec une petite fille, chanson de Nat King Cole «Acércate Más», (Rapproche-toi de moi), contredite par celle de Martin Denny : «Stranger in Paradise»… Un monde bascule, avec son lot d’horreurs (militants jetés d’avion) et ses mirages d’espoir (l’indépendance fêtée à la fin).
Le film de Robin Campillo est à la fois une recherche poétique du temps perdu et un cliché cruel de l’idiotie coloniale. 

D'une beauté et d'une intelligence, émotionnelle et politique, rares. Cinema Teaser

Avec ce quatrième long métrage, Robin Campillo nous met de nouveau KO et signe son film le plus intime. Le Parisien

Pendant une heure trente, porté par des acteurs extraordinaires (Nadia Tereszkiewicz stupéfiante et Quim Gutierrez), le film trouve une grâce et une note émotionnelle aussi fragile qu’entêtante. Première