

Du 26 novembre au 9 décembre 2025
OUI
NADAV LAPID
Israël-France-Allemagne-Chypre, sortie 17/09/2025, 2h30 – VOST
Interdit - 12 ans avec avertissement
En Israël, au lendemain du 7 octobre. Y., musicien de jazz précaire, et sa femme Jasmine, danseuse, donnent leur art, leur âme et leur corps aux plus offrants, apportent plaisir et consolation à leur pays qui saigne. Bientôt, Y. se voit confier une mission de la plus haute importance : mettre en musique un nouvel hymne national…
A monde malade, films mabouls. Dernièrement Eddington, d’Ari Aster, bientôt Dracula, de Radu Jude, et aujourd’hui Oui, de Nadav Lapid. Soit les virées d’un couple d’artistes-performers-gigolos de Tel-Aviv, Y et Jasmine, qui tentent d’élever décemment leur bébé, né le 7 octobre 2023 (sic), tout en distrayant une jet-set hideuse, tandis que les notifications push des morts palestiniennes pleuvent sur leurs iPhone comme les bombes sur Gaza.
Quand Y, pianiste de jazz frustré, se voit commander la musique d’un nouvel hymne pour soutenir le moral de Tsahal en appelant à la destruction de toute vie dans les territoires occupés, son choix de rester apolitique et de se vendre au plus offrant trouvera-t-il sa limite ? « Etre artiste après 40 ans, c’est répugnant », lui dit Avinoam, le chef de la propagande israélienne d’une blondeur trumpienne.
Dans son précédent long-métrage (Le Genou d’Ahed), Y, l’alter ego fictif de Nadav Lapid, évoquait la « marche victorieuse d’Israël vers la vulgarité » ; le cinéaste israélien l’embrasse ici à pleine bouche. Une bouche qui, dans « Oui », sert à lécher littéralement les bottes ou les oreilles des puissants, à bouffer, crier, vomir et beaucoup chanter.
Il y a du Sailor et Lula dans ce carnaval mortifère dont la fureur formelle est l’expression d’une colère politique autant que des états d’âme de Lapid. Ainsi la farce agressive vire à la ballade tragique quand Y retrouve son ex à la frontière avec Gaza. Pèlerinage amoureux vers la mort ponctué par un monologue tétanisant où les victimes du pogrom du 7-Octobre semblent se confondre avec celles de Gaza. La caméra, fébrile, n’est plus que soubresauts : mal à l’aise, elle ne sait plus où se mettre. Comme nous, spectateurs, sidérés, indignés, exténués par «Oui» comme face à l’obscénité d’une guerre et d’une époque qui dépassent Israël.
On ne peut pas faire un tel film, si vitalement enragé, si vigoureusement en colère, en prenant des pincettes. Et Lapid ne craint pas d’aller du côté de l’excès carnavalesque, en particulier dans la représentation des fêtes orgiaques où se côtoient nouveaux riches et mécènes plus ou moins mafieux. Cet aspect outré, grotesque, est un moyen d’atteindre la réalité au cœur. Cahiers du Cinéma
Le film se révèle ni militant ni satirique, mais comme une recherche en temps réel – tâtonnante et enfiévrée –d’une expression, d’une forme, d’un art, qui soient au diapason de la situation du moment. Le Monde
Un grand film radical et en colère, qui remet les pendules à l’heure sur l’horreur du génocide en cours. Ecran Large
Dès l’ouverture, le cinéaste livre une satire féroce de l’élite israélienne : obscène, décadente, ivre de vulgarité. Mais au-delà, c’est une société tout entière qu’il montre en perdition, vacillante sur ses fondations. Le film confronte Israël à lui-même, comme un miroir brisé. Le Dauphiné Libéré
« Oui » est un peu trop long. Mais c’est, à coup sûr, le pamphlet lyrique et politique le plus stimulant vu cette année. Télérama


