

Du 1er au 14 octobre 2025
FANTÔME UTILE
RATCHAPOOM BOONBUNCHACHOKE
Thailande-France-Singapour-Allemagne, sortie 27/08/2025, 2h10 -VOST
Prix «Longs Métrages» à la Semaine Internationale de la Critique 2025
Après la mort tragique de Nat, victime de pollution à la poussière, March sombre dans le deuil. Mais son quotidien bascule lorsqu'il découvre que l'esprit de sa femme s'est réincarné dans... un aspirateur ! Bien qu'absurde, leur lien renaît, plus fort que jamais — mais loin de faire l'unanimité. Sa famille, déjà hantée par un ancien accident d'ouvrier, rejette cette relation surnaturelle. Tentant de les convaincre de leur amour, Nat se propose de nettoyer l'usine pour prouver qu'elle est un fantôme utile, quitte à faire le ménage parmi les âmes errantes...
« Objets inanimés, avez-vous donc une âme / Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? » Mieux que ça, répond Ratchapoom Boonbunchachoke au fameux adage de Lamartine, en offrant aux défunts la réincarnation par le biais d’appareils électroménagers. Et soudain réfrigérateurs, micro-ondes et climatiseurs prirent vie ! C’est l’idée folle et la plus courte manière de résumer ce film totalement dingue et absolument formidable. Et pour cause, il a pour narrateur le réparateur sexy d’un Darty local qu’un ladyboy universitaire a contacté suite au comportement étrange de son aspirateur et dont il ferait bien son quatre-heures.
A l’origine de ce phénomène de spectres électroménagers, lui explique le beau dépanneur, il y a le décès accidentel d’un des ouvriers surexploités d’une usine de fabrication thaïlandaise, dont la patronne a vu sa belle-fille, morte précocement, revenir aussi hanter les lieux sous la forme d’un aspirateur et partager la vie de son fils, qui voyait toujours en elle l’être aimé. « Les fantômes sont ceux qui ne se résignent pas à la mort, leur retour est un acte de protestation. » Et ce film, qui en contient plusieurs en un seul rigoureusement cohérent, est un brûlot politique d’une invention folle et d’une liberté punk, surtout venu d’un pays comme la Thaïlande sous le joug des militaires et des conservateurs. Des moines bouddhistes (ô sacrilège !) y douchent une femme d’insultes obscènes, un aréopage de matriarches rassurantes font régner la terreur, un Premier ministre mielleux, adepte de la propagande et des électrochocs, réduit la mémoire du passé et les tentatives de révoltes en poussière. Laquelle nourrit les esprits revenus prendre soin des vivants.
Le spectateur, lui, hallucine, naviguant entre satire sociale, tragédie amoureuse, délire bis et poésie fantastique. Dans cet iconoclaste « Fantôme utile », il y a du rab – 2h10 tout de même. Piètre bémol pour un premier film capable de réunir les amateurs d’Apichatpong Weerasethakul, Quentin Dupieux, Claude Chabrol, Gregg Araki, Jean Cocteau, George Romero et qui n’a pas volé son grand prix de la Semaine de la critique au dernier Festival de Cannes. Retenez bien le nom de son auteur : Ratchapoom Boonbunchachoke.
Ce film séduit par sa poésie électroménagère, mais aussi par sa force politique. Télérama
Un premier long métrage jubilatoire, d’une richesse inouïe, qui renouvelle totalement le film de fantôme par un scénario à la fois fluide et à plusieurs lectures, et une parabole sur les affres de la mémoire. A Voir-à-Lire.com
Avec sans doute l’un des concepts les plus intrigants du dernier Festival de Cannes, le film thaïlandais "Fantôme Utile" fut l’une des grandes surprises de la Semaine de critique, dont il est reparti avec le Grand Prix. Une récompense fort méritée pour ce film fantastique, qui démarre presque comme une parodie façon série Z, pour aboutir à une parabole politique inattendue sur l’Histoire du pays. Abus de Ciné
Le spectateur, lui, hallucine, naviguant entre satire sociale, tragédie amoureuse, délire bis et poésie fantastique. L’Obs


