Du 17 au 30 Mai
L’ETABLI
MATHIAS GOKALP
France, sortie le 5/04/2023, 1h57
Avec Swann Arlaud, Olivier Gourmet, Denis Podalydès, Malek Lamraoui…
L’ETABLI est l’adaptation du roman éponyme de Robert Linhart.
Quelques mois après mai 68, Robert, normalien et militant d’extrême-gauche, décide de se faire embaucher chez Citroën en tant que travailleur à la chaîne. Comme d’autres de ses camarades, il veut s’infiltrer en usine pour raviver le feu révolutionnaire, mais la majorité des ouvriers ne veut plus entendre parler de politique. Quand Citroën décide de se rembourser des accords de Grenelle en exigeant des ouvriers qu'ils travaillent 3 heures supplémentaires par semaine à titre gracieux, Robert et quelques autres entrevoient alors la possibilité d'un mouvement social…
Les "Etablis" sont des étudiants qui, à partir de 1967, "s'établissaient" (se faisaient embaucher) dans les usines ou les docks afin de mieux connaître le milieu ouvrier, avec pour objectif de prendre part aux luttes sociales.
L’expérience dans laquelle se lança Robert Linhart quelques mois après Mai 68, et qu’il raconta dans le livre L’Établi, paru en 1978, fait naître aujourd’hui un beau personnage de cinéma, rendu très attachant par l’interprétation de Swann Arlaud.
"Des enfants de ma classe d’âge n’avaient pas les moyens de faire des études et devaient travailler plus tôt qu’ils ne l’auraient souhaité. Ils étaient absorbés et broyés par cette machine. L’Établi disait très clairement la violence, l’absurdité, la folie et le caractère impersonnel de cette machine." confie le réalisateur admiratif et critique, sur l’expérience vécue d’un prof de philo devenu ouvrier après Mai 68.
Le personnage de Robert Linhart mis en scène dans L’Établi reste un solitaire tourmenté qui, paradoxalement, veut impulser un mouvement de protestation collective, quitte à se lancer dans un jeu trouble. En cachant qui il est, en déguisant ses intentions, ne manipule-t-il pas ces travailleurs qu’il prétend aider à se défendre ? Les doutes et les interrogations sont les atouts de ce film que le réalisateur Mathias Gokalp réussit à mener avec une admiration palpable pour Linhart (aujourd’hui âgé de 78 ans), mais aussi un juste recul.
À travers de nombreux personnages secondaires, tous formidablement campés, des voix contradictoires s’élèvent, un passionnant tableau d’époque se dessine. Un prêtre-ouvrier de la CGT (Olivier Gourmet), plus tacticien que le radical Linhart, un patron intelligent et rusé (Denis Podalydès), un travailleur immigré (Malek Lamraoui) qui s’accroche à son poste et dit : «La politique, c’est que des problèmes.» Les différents points de vue racontent, au-delà de l’après-68, la France des luttes de classes.
Le film se fait même parfois trop pédagogique et perd là un peu de vitalité. Mais cet effort de lisibilité a l’excuse d’ouvrir le passé ici reconstitué aux jeunes d’aujourd’hui, comme s’ils se confondaient avec ceux auxquels Linhart transmet, dans une scène marquante, ce message d’espoir : «Je trouve légitime de rêver un monde meilleur. Et peut-être aussi de le faire.»
Le cinéaste reconstitue avec intensité ce moment essentiel et particulier du mouvement syndical et ouvrier. Le Dauphiné Libéré
Le cinéaste livre un récit historique et moderne à la fois, sur la question de l’engagement politique et personnel. Les Fiches du Cinéma
Portée par un Swann Arlaud impeccable, cette adaptation du livre éponyme de Robert Linhart de 1978 résonne avec l'actualité par sa peinture d'un monde du travail où l'aliénation des uns contribue à l'enrichissement des autres. Efficace. TéléLoisirs