
Du 16 au 29 Mars 2022


LUZZU
ALEX CAMILLERI
Malte, sortie le 5/01/2022, 1h34 – VOST
Avec Jesmark Scicluna, Michela Farrugia, David Scicluna
De génération en génération, la famille de Jesmark pêche à bord du luzzu, bateau en bois traditionnel maltais. Mais Jesmark voit son avenir menacé par la raréfaction des récoltes et l’ascension d’une pêche industrielle impitoyable. Pour subvenir aux besoins de sa femme et de son fils, le jeune homme va peu à peu se compromettre dans le marché noir de la pêche…
Les couleurs vives – vert, rouge, jaune et bleu – du luzzu, petit bateau de pêche maltais, sont joyeuses, mais c’est un leurre. Même l’œil phénicien, à la proue, ne le protège plus contre l’infortune. D’ailleurs, le luzzu de Jesmark prend l’eau. Il l’a hérité de son père, qui lui-même le tenait du sien. Mais aujourd’hui, la pêche, c’est la dèche. Entre la concurrence industrielle des chalutiers et les quotas imposés par Bruxelles, les artisans pêcheurs sont étranglés, qui rapportent un poisson maigre et rare. Pour survivre, Jesmark, dont l’enfant malade exige des soins coûteux, va devoir pactiser avec des contrebandiers et pratiquer le marché noir.
Malgré son physique de jeune premier, Jesmark Scicluna n’est pas comédien. Il est vraiment pêcheur et entouré, ici, d’acteurs non professionnels. Cela donne plus de justesse à ce beau film âpre, le premier d’Alex Camilleri, héritier du néoréalisme italien et cousin sudiste de Ken Loach, où l’on voit se noyer, sous le soleil méditerranéen, un métier ancestral, condamné, comme le luzzu, à la casse. En fait, cette fable marine est un pamphlet…
Luzzu est une épopée sociale au pouvoir magnétique. Première
Si la morale de Camilleri n’est pas aussi pessimiste que celle des derniers Loach, c'est que Luzzu est avant tout un appel à soutenir une marge peu à peu broyée par le système. Critikat.com
Si la trame fictionnelle n’est pas d’une grande originalité, Luzzu convainc par son traitement documentaire du métier et des techniques de la pêche traditionnelle. Les rapports entre pêcheurs et commerçants au marché sont filmés d’une manière abrupte, frontale, avec une étonnante précision. Cahiers du Cinéma
Joué par des acteurs non professionnels (dont l’intense Jesmark Scicluna, primé au festival de Sundance), ce drame sur le combat d’un artisan pour garder la tête haute déploie sa noirceur sociale sous une éclatante lumière méditerranéenne et la belle influence du néoréalisme italien. Télérama
