

Du 3 au 16 septembre 2025
POOJA, SIR
DEEPAK RAUNIYAR
Népal, sortie le 23/07/2025, 1h49 – VOST
1 Nomination à la Mostra de Venise 2024
Quand deux garçons sont enlevés dans une ville frontalière du Népal, l’inspectrice Pooja est envoyée de Katmandou pour résoudre l’affaire. A son arrivée, les troubles politiques et les manifestations raciales la forcent à demander de l’aide à Mamata, une policière locale. En affrontant la discrimination et le sexisme, les deux femmes tenteront de résoudre l’affaire, mais à quel prix pour chacune d’elles ?...
« Nous ne sommes pas nombreuses », constate dépitée l’une des héroïnes de ce film. Cette réplique résume bien le hiatus entre la réalité d’un changement de mentalité et la lucidité amère de quelques femmes qui font une arrivée timide dans les rangs de la police népalaise.
Nous sommes en 2015, au lendemain de la proclamation d’une nouvelle Constitution censée apaiser les nombreuses tensions et résoudre les ostracismes dont sont depuis longtemps victimes les Madhesis, une ethnie du sud du pays.
Dans ce contexte sous tension, où la moindre étincelle peut rallumer les feux de la contestation, deux jeunes écoliers sont kidnappés. L’un d’eux est le fils d’un député. Fort de son statut, l’élu exige que l’affaire soit promptement réglée. L’inspectrice Pooja, vivant dans l’ombre une relation avec la garde-malade de son père, est envoyée de Katmandou pour tenter de sauver les deux enfants.
Le temps presse, mais face à elle se dressent mépris de classe et de castes ainsi qu’un sexisme endémique.
Si le contexte politique peut parfois échapper au spectateur occidental, le scénario reconstitue avec une force bouillonnante la stratification infernale de la société népalaise.
La multiplicité des intrigues qui fourmillent autour de cette affaire de kidnapping brasse un large panel de thématiques allant de la corruption (la femme du député est directrice d’une école autrefois publique mais qu’elle a brutalement privatisée), des inégalités sociales, des arrestations sommaires et sanglantes des opposants au déclassement lié à la couleur de peau.
Deepak Rauniyar mène son récit dans le bruit et la fureur, mais avec une percutante précision. Le Scope lui permet de confronter dans un même cadre les violences sociétales et de dénoncer frontalement la condition des Népalaises, luttant jusqu’à l’épuisement pour le droit à leur seule existence.
La résolution, glaçante, parachève le message féministe de ce polar pessimiste dénonçant les égarements et les fractures d’une démocratie de façade.
À travers un genre familier et une héroïne queer, le réalisateur et l’actrice-scénariste signent un film engagé contre la politique d’intolérance de leur pays. Les Fiches du Cinéma
Un remarquable polar népalais qui rappelle ô combien la séparation entre les autorités judiciaires et le pouvoir exécutif est primordiale au nom de la démocratie. Un cinéma suffisamment rare pour ne pas le signaler. A Voir-à-Lire.com
Rauniyar met en scène un Népal écartelé, avec une attention particulière portée aux Madhesis, population marginalisée du sud du pays : lucide et sans concession sur un pays fracturé. Le Dauphiné Libéré
Ne cherchant jamais à occidentaliser son propos pour rendre son film exportable, Deepak Raunyar nous plonge ici dans les nombreuses tensions entre communauté que connaît ce mini- Etat comptant une soixantaine d’ethnies et de castes différentes, sans peur de nous perdre. Première
Une œuvre forte et lumineuse. Le Journal du Dimanche


