
Du 20 Septembre au
3 Octobre


LES HERBES SECHES
NURI BILGE CEYLAN
Turquie-France-Allemagne-Suède, sortie le 12/07/2023, 3h17 – VOST
Prix d’interprétation féminine & 5 Nominations au Festival de Cannes 2023
Dans un village isolé d’Anatolie, Samet, jeune professeur célibataire, finit son service obligatoire en espérant être nommé à Istanbul. Son affectation manquée, il perd alors tout espoir d’échapper à la vie morose dans laquelle il semble embourbé. Mais sa rencontre avec Nuray, professeure comme lui, va peut-être lui permettre d’aller au-delà de ses idées noires…
Une silhouette progresse lentement dans un paysage étouffé par la neige : celle de Samet, prof d’arts plastiques, de retour après les vacances dans le village kurde d’Anatolie où il effectue son service obligatoire. Samet trompe l’ennui en buvant le thé avec Kenan, son colocataire, dans un logement de fonction et se morfond en attendant une éventuelle mutation. Il végète dans « ce trou à rats » depuis quatre ans : les portraits photographiques dont Nuri Bilge Ceylan balise son histoire en sont la preuve ; ces clichés, Samet a eu tout le temps de les prendre.
Seule Sevim, une élève, donne un sens à son existence, mais avec une copine elle va l’accuser, comme Kenan d’ailleurs, d’« attitudes et gestes déplacés», sans qu’aucun de leurs collègues, trop occupés à assurer leurs arrières, manifeste à leur égard la moindre empathie.
A partir de ce moment, l’attitude de Samet se dérègle. Lors d’un cours sur la perspective, signe de piste évident dans un film qui se plaît à en changer, il abuse de sa position dominante et enguirlande sa classe. Un personnage jusqu’alors secondaire, Nuray (Merve Dizdar, prix d’interprétation au dernier Festival de Cannes), activiste amputée d’une jambe à la suite d’un attentat, prend alors toute sa place dans le récit. Entre les deux enseignants et elle, un triangle amoureux se forme dont Samet, jaloux de Kenan, entreprend vite de saper l’équilibre.
Avec Les Herbes sèches - durée majestueuse, cadres comme toujours somptueux ancrés dans cet hiver qui force les hommes à se réfugier dans des intérieurs obscurs - Ceylan, virtuose du plan-séquence, traite avant tout de la perte des idéaux. Dans une région de la Turquie où règne pauvreté morale et matérielle, cette méditation sur le bien, le mal et ces aléas de la vie qui abîment nos âmes incertaines confirme que Nuri Bilge Ceylan reste bien le portraitiste hors pair de la condition humaine.
Neuvième long métrage de Nuri Bilge Ceylan, "Les Herbes sèches" achève en apothéose un cycle de trois films consacrés à trois âges de la vie d'intellectuels condamnés à attendre un sursaut du destin dans des régions reculées de Turquie. Positif
A la croisée de l’infime et du grandiose, du pathétique et de l’infini, "Les Herbes sèches" est un film immense. Transfuge
Une fresque sensible et littéraire, tchékhovienne en diable, sur le temps qui passe et les sentiments qui renaissent. Télérama
Le sommet des « Herbes sèches » tient ainsi peut-être dans un petit recadrage muet, couplé d’un souffle, venu dont ne sait où, qui vient légèrement faire voler les cheveux d’une femme lors d’un dîner bavard. C’est de cette plasticité que le film tire sa grâce. Cahiers du Cinéma
