

Du 16 au 29 avril 2025
BLACK DOG
HU GUAN
Chine, sortie le 5/03/2025, 1h50 – VOST
Prix «Un Certain Regard» au Festival de Cannes 2024
Lang revient dans sa ville natale, aux portes du désert de Gobi. Alors qu’il travaille pour la patrouille locale chargée de débarrasser la ville des chiens errants, il se lie d’amitié avec l’un d’entre eux. Cette rencontre va marquer un nouveau départ pour ces deux âmes solitaires…
On connaît mal la filmographie de ce cinéaste, auteur de La Brigade des 800 et de The Sacrifice (inédit en France), deux récents blockbusters historiques – et, si l’on en croit les résumés, possiblement patriotiques – ayant connu de très beaux succès en Chine.
Même si cette précision n’apporte pas grand-chose en ce qui concerne son nouveau long-métrage, elle nous permet d’entrevoir la capacité de Guan Hu - et sans doute son désir - de s’affranchir du carcan des productions approuvées par les autorités pour s’épanouir dans ce film plus modeste financièrement, à la mise en scène impressionnante de précision et d’intelligence, en forme d’accroc discret au discours politique unique de son pays.
Lang, homme solitaire et taiseux, revient donc dans la ville de son enfance. Une bourgade désolée, presque vidée de ses habitants sans doute attirés par l’eldorado des grandes métropoles qui surgissent en cette fin de XXe siècle. Chevauchant sa moto tel un cow-boy taciturne des temps modernes, il sillonne les routes battues par les vents.
Chargé de se débarrasser des chiens errants qui pullulent dans la région désertique de Gobi, il va tisser des liens avec l’un d’entre eux. De cet apparent presque rien narratif, l’auteur fait le point d’ancrage d’une fiction où la profondeur des espaces amplifiés par le Scope, le rendu minéral du son et une photographie froide édifient en arrière-plan un récit allégorique, épique et sociologique, évoquant frontalement l’abandon par les pouvoirs publics de ces villes minières et prolétaires autrefois symboles propagandistes du stakhanovisme maoïste.
En cause ? La candidature de la Chine aux JO de 2008, nouvelle vitrine pour laquelle cette nation vieillissante n’hésitera pas à sacrifier les populations rurales. Ce western crépusculaire (les canidés sauvages tiennent lieu de cerbères de Hadès) dénonce les mutations économiques tragiques et la perte des idéologies collectivistes. Une claque.
Black Dog impressionne dès son premier plan, qui transforme la beauté désolée du désert de Gobi en un terrain de jeu cinématographique sans pareil. Cahiers du Cinéma
Dès sa stupéfiante première séquence, le récit nous agrippe pour ne plus nous lâcher, porté par le charisme de son acteur principal Eddie Peng, flanqué d’un lévrier noir tout aussi mémorable. Positif
Hanté par le deuil, la culpabilité et l’envie de tourner la page, "BLACK DOG" crée de pures images de cinéma, vibrantes, marquantes, évocatrices, comme autant de pansements sur les plaies du monde et de ses personnages. Cinema Teaser
Si le réalisateur utilise l’espace comme rarement pour raconter le nettoyage urbain et social, il use, aussi, par petites touches, d’un humour tendrement burlesque ou satirique, à l’image de ces panneaux annonçant les prochains JO mais qui, déjà délavés, semblent dater du siècle dernier. Télérama
On est bluffé par l'ampleur de la mise en scène, la splendeur de la photographie et l'émotion qui se dégage de cette histoire simple, mais essentielle. Le Journal du Dimanche